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Type de textesource
TitreRéflexions sur la poétique d’Aristote, et sur les ouvrages des poètes anciens et modernes
AuteursRapin, René
Date de rédaction
Date de publication originale1674
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Date de reprint

, p. 116

La Tragedie ne devient agreable au spectateur, que parce qu’il devient luy-mesme sensible à tout ce qu’on luy represente, qu’il entre dans tous les differens sentimens des acteurs, qu’il s’interesse dans leurs avantures, qu’il craint, et qu’il espere, qu’il s’afflige, et qu’il se réjoüit avec eux. Le theatre est froid et languissant, dés qu’il cesse de produire ces mouvements dans l’ame de ceux qui y assistent.

Dans :Polos, si vis me flere(Lien)

(XXV), p. 58-59

Ainsi les mœurs sont comme les premiers ressorts de toutes les actions des hommes. La Peinture represente les visages par leurs traits : mais la Poësie represente les esprits par les mœurs ; et la regle la plus universelle pour peindre les mœurs, est de representer chaque personne dans son caractere : un valet avec des sentimens bas, et des inclinations serviles, un prince avec un cœur liberal et un air de majesté, un soldat farouche, insolent, une femme vaine, timide, volage, un vieillard avare, circonspect, soupçonneux.

Dans :Zeuxis et Polygnote : action et caractères(Lien)

(XVI), p. 35-36

C\'est un grand talent que de ne pas dire tout ce qu\'on pense, et de laisser penser aux autres ce qu\'il faut, pour les occuper. On ne sçait pas d\'ordinaire jusques où il faut pousser les choses. Un homme d\'un genie accompli s\'arreste regulierement où il faut s\'arrester, et retranche[[1:Ambitiosa recidet ornamenta. Horat. Poët.]] couragement ce qu\'il faut retrancher. C\'est un grand defaut que de ne pouvoir finir, dont Apelle[[1:Plin. lib. 35. c. 10]] blâmoit si fort Protogene. Cette moderation n\'est que des grands hommes: les esprits du commun ne la connoissent pas: et quoy qu\'on en dise, il n\'y a qu\'Homerre et Virgile qui sçachent finir les choses, où il les faut finir.

Dans :Apelle et la nimia diligentia(Lien)